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jeudi 31 mai 2007

Un instant d'éternité



Elle était arrivée la veille. Le soleil resplendissait. l'atmosphère était encore chaude. C'était l'été au coeur de l'automne. L'été indien, comme dans la chanson de Joe Dassin. Une journée magique, hors du temps.
Elle se promenait dans les jardins de l'hôtel et répondait au bonjour des employés qui entretenaient les massifs de lauriers roses et blancs, et ratissaient les allées. elle se risquait même à échanger quelques mots dans leur langue. Le bonheur lui donnait cette hardiesse, qu'elle n'avait pas en temps habituel.
Oui elle était heureuse, car dans quelques heures, elle allait le rencontrer.
La veille au soir, elle avait reçu un message, "Demain sera notre jour, je t'aime." Ce petit texte, combien de fois l'avait-elle lu et relu? Elle n'avait presque pas fermé l'oeil de la nuit.
Dans quelques heures, il serait là. Depuis son départ de chez lui, il l'informait régulièrement de sa progression. A présent, il était sur la route du littoral. Elle l'imaginait au volant de sa voiture, fumant négligeamment une cigarette.
Comme elle avait peu de temps devant elle, elle retourna dans sa chambre pour se préparer. Elle se devait d'être belle, pour ne pas le décevoir.Elle se prit à rire en se regardant dans la glace. Elle se sentait comme une jeune fille à son premier rendez-vous d'amour. Elle ne négligea aucun détail.

Elle avait fait sa connaissance un mois auparavant, et tout était allé si vite, comme dans un rêve ! Ils s'étaient échangé des lettres et des serments d'amour. Et maintenant, elle était là, dans cet hôtel du bout du monde à attendre son amoureux. Elle avait pris la décision de le rejoindre, quelques semaines auparavant, au mépris de toutes les conventions et de tous les dangers. Elle avait fixé elle-même le lieu du rendez-vous, un endroit qui ressemblait à cette île qu'ils s'étaient fabriquée dans leurs rêves.
Radieuse, elle se rendit dans le hall de l'hôtel. Il n'allait pas tarder, à présent. Un bref message venait de l'informer qu'il n'était qu'à quelques kilomètres.
Elle eut à peine le temps de s'installer dans un des fauteuils de la réception, que son téléphone vibra. C'était lui. Au moment où elle décrochait, elle aperçut sa silhouette. Elle le reconnut au premier regard. Elle sortit à sa rencontre. Il arborait un sourire radieux. Comme il semblait heureux ! Il l'embrassa et lui dit : "Je t'avais reconnue" . Elle aussi l'avait reconnu, l'homme , l'amant dont elle avait tant rêvé.
Elle l'entraîna vers le couloir qui menait à la chambre. Vite, il ne fallait pas être remarqué. Sa pudeur, lui conférait une certaine gêne, voire une certaine honte, qui furent bien vite dissipées.
Que ce couloir était interminable ! Il lui prit la main, et la serra très fort. Elle tressaillit. La chambre portait le numéro 65. Elle s'en souvient encore. Fièvreusement, elle sortit sa clé. Sa main tremblait au point qu'elle parvint difficilement à l'introduire dans la serrure. Enfin !
Une fois la porte refermée, il la prit dans ses bras et la serra très fort, comme s'il ne voulait plus la lâcher, comme s'il voulait la garder pour lui tout seul, comme s'il la retrouvait après l'avoir vainement cherchée pendant des années. Leurs désirs étaient identiques, à cet instant. Un seul souhait, que ce moment restât figé pour l'éternité. Quant à elle, elle ne pensait plus à rien. pour la première fois depuis très logtemps, elle était comblée. Elle éprouvait cette sensation étrange de l'avoir toujours connu. Elle s'abandonna dans ses bras.

D.Jerba

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